Nous avons calculé l’empreinte carbone de nos vêtements !
Pour beaucoup d’entreprises, le début d’année est le temps de la clôture des comptes. Lautrec n’échappe pas à la règle ! Mais à l’heure du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources, les seuls indicateurs financiers sont désormais bien insuffisants pour mesurer la performance d’une entreprise. Quel est l'empreinte carbone de la production d’un T-Shirt ? Combien de litres d’eau ont été nécessaires à la confection de nos chemises ou de nos chaussettes ? Pour nous, ces chiffres, et leur constante amélioration, sont tout aussi importants que le taux de marge ou de rotation de nos vêtements. Chaque marque doit avoir un modèle économique qui fonctionne, mais se doit aussi d'avoir un impact le plus mesuré possible sur la planète. Et qui dit impact mesuré, dit mesure d’impact !
Nous avons donc décidé de confier la mesure de l’empreinte carbone et eau de nos vêtements à une jeune start-up française, spécialisée dans le domaine, La belle empreinte. Après leur avoir fourni des éléments très détaillés sur nos matières, lieux et processus de fabrication, La belle empreinte nous a fourni les résultats de son audit, et a comparé les vêtements Lautrec à leur équivalent « standard » (matières conventionnelles, « made in China »).
Les résultats sont passionnants, riches d’enseignements : ils permettent de confirmer la plupart de nos choix mais également d’en questionner d’autres. Quelques idées reçues ont été battues en brèche à la lecture des résultats. Nous vous partageons les principales conclusions, dans un premier temps sur le carbone !
L’empreinte carbone d’un vêtement n’est que très peu corrélée au nombre de kilomètres qu’il parcourt
Cela peut paraître contre-intuitif, lorsque l’on sait que les transports représentent près de 30% de l’empreinte carbone des Français. Réduire les kilomètres parcourus en voiture ou en avion est un levier majeur dans l’amélioration de notre bilan carbone personnel.
Dans la production de biens de consommation, la donne est différente.
Our World in Data l’a bien montré en ce qui concerne l’alimentation : pour comprendre le bilan carbone de ce que l’on mange, ce qui compte avant tout est la nature de nos aliments, et non leur origine géographique. Comme en témoigne ce graphique (désolés pour la mauvaise résolution !), il sera toujours bien moins émetteur de consommer un kilo de bananes en provenance des Antilles qu'un kilo de bœuf produit en France métropolitaine.
De la même manière, les kilomètres parcourus par les vêtements impactent peu leur bilan carbone : seules 3% des émissions sont liées à la logistique. C'est valable pour notre portefeuille de vêtements Lautrec, confectionnés en Europe, mais aussi pour l'industrie textile de manière générale. La majeure partie des trajets longue distance se fait en porte-containeurs, et ceux-ci ont une empreinte carbone ramenée à la pièce transportée qui est très réduite.
Mais alors, d’où viennent les émissions de CO2 ? Et peut-on pour autant conclure que le « made in » ne serait pas déterminant dans l’empreinte d’un vêtement ?
L’empreinte carbone d’un vêtement résulte de deux éléments principaux : le choix de la matière première, et le mix énergétique du ou des pays dans lesquels le vêtement est transformé
Les émissions de CO2 de la production et de la distribution des vêtements Lautrec se décomposent ainsi :
Comme vous pouvez le constater, le choix de la matière première joue un rôle fondamental, puisque cela représente 63% de l'empreinte totale. Le must, sont les matières recyclées et le lyocell (d’origine forestière). Ensuite, d’un point de vue strictement des émissions de gaz à effet de serre, les matières synthétiques présentent un meilleur bilan que les matières naturelles ! Les matières animales comme la laine ont un bilan très dégradé : comme les vaches, les moutons émettent du méthane, un gaz à effet de serre très élevé.
Le deuxième élément le plus influent sur le bilan carbone, est le choix des pays dans lesquels se passent les étapes de filature, d’ennoblissement et de confection. Car d’un pays à l’autre, le bilan carbone pour produire un kilowattheure d’énergie est très différent, en fonction de la part des énergies fossiles (charbon, gaz) dans le mix énergétique. Le "made in" a donc toute son importance. Sur cet aspect, le made in Europe et en particulier le made in France sont très bien positionnés par rapport aux grands pays asiatiques par exemple.
Combien les vêtements Lautrec émettent-ils de CO2 ? Ont-ils moins d’impact sur le réchauffement climatique que des vêtements standards ?
En moyenne, la production et le transport d'un vêtement Lautrec génèrent l'émission de 10kg de CO2. Pour remettre en perspective, pour respecter l'accord de Paris, nous devons descendre à 5,5kg d'émissions par jour et par habitant (2t/habitant par an). 10kg de CO2, c'est donc non négligeable : c'est à peu près 75km parcourus en voiture, ou 200 grammes de bœuf. Il ne faut pas en abuser !
Nos choix nous ont permis d’économiser en moyenne 27% d’émissions par rapport à des produits "standards". Le pull en laine recyclée et les chaussettes en lyocell made in France sont nos pièces présentant le plus faible impact. A l'inverse, notre pantalon de ville en laine vierge souffre du mauvais bilan carbone de la matière première.
L'autre bonne nouvelle, c’est qu’il y a encore une marge de progression non négligeable ! En nous orientant davantage vers le lyocell, les matières recyclées et/ou le made in France notamment. Nous y porterons toute notre attention dans les prochains développements.
L'empreinte carbone : seul critère de choix dans l'éco-conception ?
La lutte contre le réchauffement climatique est une priorité absolue. Chaque entreprise a le devoir de comprendre quelles sont les principales causes d'émissions de son activité, et de proposer à ses clients des produits ayant l'impact le plus faible possible. Il est également impératif de produire au plus juste, pour éviter les invendus. Et charge à chacun de limiter ses achats à l'essentiel, et de ne pas céder à la première tentation publicitaire !
D'autres critères sont évidemment clés dans les choix de conception des vêtements. D'un point de vue environnemental, l'impact eau n'est pas non plus à négliger : nous vous en parlerons dans un prochain article. Les matières plastiques, finalement "passables" d'un point de vue de l'empreinte carbone, puisent dans des ressources qui ne sont pas infinies, et ont l'énorme inconvénient de se répandre sous forme de microparticules dans les eaux usées à chaque lavage. Le transport maritime, peu émetteur de gaz à effet de serre, est néanmoins très polluant avec ses émissions d'oxyde de soufre. Développer le made in France ne répond pas qu'à une logique "carbone" : préserver les savoir-faire et l'emploi en France est crucial, en particulier dans la période actuelle.
Qualité, confort, esthétique sont aussi évidemment des critères de choix que nous garderons au premier plan. Soyez rassurés : pas de pantalons en polyester en vue :-) !!
Analyse simplifiée de l’impact changement climatique réalisée par La Belle Empreinte de la fibre jusqu’à l’entrepôt en France
Sources principales : base Impact ADEME, ecoinvent, La Belle Empreinte
L'empreinte carbone est mesurée par la quantité de gaz à effet de serre émis par la production d’un objet, convertis en kg d’équivalent CO2.
Le comparatif est réalisé avec une pièce de poids équivalent faite de matières conventionnelles avec les impacts moyens mondiaux. La fabrication des tissus et la confection du comparatif sont faites en Chine.